En février 2022, le ministère chargé de l’Autonomie a lancé le Plan National Antichute des personnes âgées. Véritable enjeu de santé publique, il est destiné à sensibiliser, prévenir et surtout à réduire de 20% les chutes des personnes âgées. On estime qu’une personne de plus de 65 ans sur 3 chute au moins une fois par an. Et pour les personnes de plus de 85 ans, on passe à 1 personne sur 2.
La chute, un enjeu sanitaire majeur
Chuter n’est pas un évènement anodin. On dénombre 2 millions de chutes par an chez les personnes de plus de 65 ans. Chaque année, plus de 130 000 hospitalisations et 10 000 décès de personnes âgées sont causés par une chute. Elle peut aussi avoir de graves conséquences physiques et psychologiques. Une personne qui a déjà chuté, a 16 fois plus de risque de chuter à nouveau.
Les facteurs de risque de chute
Il existe plus de 400 facteurs de risque de chute chez les personnes âgées. Une chute est souvent causée par plusieurs facteurs. Il est important d’en rechercher les causes pour mieux prévenir d’une potentielle rechute.
Les principaux facteurs de risque de chute :
- l’avancée en âge qui impacte l’équilibre et la marche,
- la sédentarité ou l’inactivité physique,
- la dénutrition,
- les maladies neurologiques,
- la dépression,
- l’altération de la vision et ou de l’audition,
- l’arthrose,
- la polymédication qui résulte de la prise de plusieurs médicaments pour traiter plusieurs maladies chroniques.
D’autres facteurs médicaux peuvent également influer : des malaises, certains médicaments, une infection, une hypoglycémie pour les personnes diabétiques. Un facteur méconnu mais qui touche pourtant 30% des personnes âgées de plus de 75 ans, c’est l’hypotension orthostatique. En effet, une baisse de la pression artérielle peut engendrer des vertiges ou des étourdissements lors du passage d’une position allongée à une position assise ou debout.
L’environnement extérieur n’est pas non plus à négliger : éclairage, obstacles, tapis, chaussures inadaptées, baignoire dans la salle de bains.
Les conséquences d’une chute
Première cause de décès des personnes âgées de plus de 75 ans, la chute peut également avoir de graves conséquences physiques et psychologiques irréversibles. Elle peut être la cause d’une entrée en institution et ne plus pouvoir vivre à domicile.
L’avancée en âge induit une fragilité osseuse plus importante. Ainsi, la fracture est une conséquence fréquente de la chute. Et se relever après une chute est parfois compliqué. Rester au sol plusieurs heures peut causer une phlébite ou des escarres. Cet évènement peut constituer une rupture et a des incidences sur le quotidien. En effet, une chute peut fragiliser ou rendre dépendant. La rééducation et la présence de la famille ou des proches jouent un rôle clé pour éviter les complications et apprendre à remarcher.
Enfin, il ne faut pas oublier les conséquences psychologiques d’une chute. La peur de tomber ou la peur de rechuter peut inciter la personne âgée à réduire ses activités et à s’isoler.

Comment prévenir des chutes ?
L’objectif du Plan National Antichute est de réduire de 20% les chutes mortelles ou entrainants une hospitalisation. C’est un objectif ambitieux mais réalisable grâce à la sensibilisation et à la prévention.
La sensibilisation et le repérage
La première étape est de connaître les facteurs de risques et corriger ceux modifiables : correction visuelle et auditive, commencer une activité physique, corriger une dénutrition, vérifier le traitement médical, aménager le logement, enlever les obstacles dans les lieux de passage, etc.
N’hésitez pas également à vérifier votre apport en calcium et en vitamine D. Demandez conseil à votre médecin traitant.
Il ne faut pas négliger la rééducation après une première chute :
- retrouver sa mobilité,
- apprendre à se relever du sol,
- faire du renforcement musculaire,
- reprendre confiance en soi
L’aménagement du logement
MaPrimAdapt’ permettra de faciliter les démarches à partir de 2024. En attendant, il existe des solutions simples d’aménagement :
- mains courantes dans les escaliers, les couloirs pour faciliter les déplacements,
- bandes anti-dérapantes sur les marches des escaliers,
- barres de maintien pour se tenir et se relever dans la salle de bains et les WC,
- chemins lumineux dans les couloirs pour éclairer les zones sombres et se déplacer facilement la nuit,
- planche de bain pour se laver si vous avez une baignoire.
Ces aménagements coûtent entre 12€ et 70€ et peuvent être financés par les caisses de retraite, le département ou votre mutuelle santé. N’hésitez pas à en faire la demande.
Des aides techniques sont également disponibles : cannes, déambulateurs, chaussures adaptées. Sur prescription médicale, elles sont en partie remboursées par l’assurance maladie.
Si vous avez plus de 75 ans et que vous avez cotisé à une complémentaire retraite au cours de votre carrière, vous pouvez bénéficier du » Diagnostic Bien chez moi » mis en place et financé en grande partie par l’Agirc-Arrco. Un ergothérapeute se déplace à votre domicile pour vous proposer des solutions d’aménagement en respectant votre cadre de vie et vos besoins. Moyennant une participation de seulement 15€, il établira un bilan personnalisé et vous fournira des conseils adaptés pour améliorer votre qualité de vie.
L’activité physique, l’alliée antichute
On ne le répètera jamais assez, l’activité physique est bénéfique pour la santé et ce à tout âge. En plus de lutter contre la sédentarité, elle réduit les risques de chute en faisant travailler l’équilibre, la force musculaire, l’endurance et la souplesse. Rien ne sert de courir un marathon, pratiquer la marche quotidiennement est déjà très bénéfique pour votre santé.
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La téléassistance
La téléassistance est un outil encore trop peu développé mais qui permet pourtant d’intervenir rapidement en cas de chute ou de malaise. Surtout utilisée pour les personnes isolées, elle permet de contacter une plateforme téléphonique 24h/24 et 7j/7.
Il existe des bracelets alarme ou des médaillons à porter autour du cou qui permettent à la personne âgée de l’enclencher facilement en cas de problème. Un système de micro haut-parleur est installé dans le logement afin de pouvoir parler à distance en cas de besoin.
Comment ça fonctionne ? Un téléopérateur appelle la personne âgée qui peut entendre et parler grâce au système installé dans le logement. Selon l’urgence, il pourra faire appel aux secours ou aux personnes à contacter en cas de besoin (voisin, parent, ami, etc.).
Elle peut être prise en charge dans le cadre de l’APA ou vous pouvez demander conseil à votre mairie pour une aide au financement.
La chute d’une personne âgée ne doit pas être banalisée. Il est indispensable d’en étudier les causes pour pouvoir agir sur les facteurs modifiables. De nombreuses solutions existent. N’hésitez pas à faire appel à votre médecin traitant.